De Jacques Lamothe
Pour illustrer l'intérêt du sujet que nous comptons aborder, on pourrait dire que s'il existe une chose qui fait souffrir le plus l'homme sur la terre, c'est bien l'amour. En allant plus loin, on pourrait dire que beaucoup de maladies, et peut-être toutes sont des maladies d'amour, ou d'origine affective, comme disent les psychologues, d’amour de l’autre comme d’amour de soi. Autant l'amour est une des choses qui ennoblit le plus l'homme, autant, c'est une de celles qui peuvent le rendre le plus malade.
Dans beaucoup de remèdes, on peut trouver une souffrance en rapport avec l'amour, l'affectivité. La preuve en est que dans la symptomatologie, dans les répertoires, existent beaucoup de symptômes "suites d'amour déçu" et d'étiologies semblables. Nous n'allons pas parler de cela. Nous n'allons pas nous intéresser au niveau symptomatique. Nous allons seulement montrer la souffrance affective de quelques remèdes que nous connaissons - afin de les découvrir sous un autre jour - au niveau du noyau de leur souffrance profonde, c'est-à-dire de la psore au sens hahnemannien le plus pur, et au niveau de leur difficulté d'aimer.
Un mot d'explications. La psore, telle que la décrit Masi, c'est la maladie de base de l'homme, de l'humanité, la "santé parfaite" (physique et mentale) n'existant jamais (j'espère que vous en êtes persuadés!). La vie "normale", n'est pas un équilibre, mais un déséquilibre permanent et changeant, une recherche constante de l'équilibre, du bonheur. C'est dire que chaque homme aura toujours une souffrance (sauf peut-être à quelques brefs moments d'extase !), comme de bonheur – à part que la première sera plus habituelle que la seconde, car la vie est difficile, comme l’ont démontré tant de grands penseurs. La psore individuelle, c'est le mal de vivre de chacun : chaque patient l'exprime à sa façon, avec ses symptômes physiques et mentaux. Derrière ces symptômes, qu'y a-t-il ? Il y a une problématique, un manque inacceptable de la part de chaque homme concernant un domaine précis, une imperfection correspondant à une perfection (divine pourrait-on dire) désirée; il ne supporte pas de ne pas pouvoir, avoir ou être … telle ou telle chose. C'est cette problématique (en rapport avec sa constitution physique et mentale), d'un niveau quasi-métaphysique qu'il faut préciser pour chaque remède, la Maladie étant probablement due à une maladie de l'âme, qui est particulière pour chacun et aussi pour chaque remède. Ainsi, on exprimera cette problématique par quelques mots-clés et quelques phrases essentielles, tout en sachant que ce choix de mots et de phrases puisse être constamment révisé, modifié, précisé à la suite d'une pratique qui a pour but de vérifier ces hypothèses.
Ce qu'il ne faut pas confondre, c'est le niveau miasmatique, c'est à dire de la problématique psorique et le niveau symptomatique, le premier expliquant le second, et n'apparaissant pas au prime abord avec facilité, mais étant déduit, par hypothèse, des symptômes.
La plupart des grands auteurs se sont essayés dans cette approche, en particulier Kent, Gatak puis, de nos jours Sankaran, Scholten, Shore et surtout Masi. Le grand intérêt est de saisir en un éclair la souffrance profonde du patient et donc de lui appliquer un traitement profond et global de ses troubles; également, un autre avantage est de déduire à partir de la souffrance psorique primaire des tableaux miasmatiques inconnus dans la pathogénésie actuelle qui est toujours incomplète, à savoir : un tableau d'égolyse (correspondant grosso modo à l'ancienne psore) où le sujet accepte exagérément et avec désespoir son incapacité, son manque; un tableau d'égotrophie (ancienne sycose) où le sujet réagit en niant ses impossibilités et son manque, et en affirmant son désir et sa capacité de puissance; enfin, un tableau d'alterlyse, où le sujet projette son manque sur les autres, les en rend responsables et les agresse en les faisant souffrir de leur incapacité.
Nous avons "travaillé" les mots afin que la problématique psorique soit à peu près intelligible à tous, notre désir étant de faire découvrir des aspects nouveaux de remèdes connus. Au passage, on aura l'occasion de lever un peu le voile des motivations secrètes et inattendues de l'amour de certains patients. La liste des remèdes étudiés (17) est tout à fait arbitraire et non limitative.
ANTIMONIUM CRUDUM : le goinfre d'amour romantique et inaccessible
Incapable de désirer un amour réel, ça ne va même pas l'intéresser ; refus d'être touché, appelé, attiré, regardé, convoqué, d'être l'objet d'attention, alors qu'il convoite l'amour car sans lui sa vie n'a pas de sens. Il est uniquement attiré par l'amour irréaliste inaccessible, romantique, imaginaire, idéal et extatique (rêve de femme idéale). Avide de cela, comme goinfre de nourriture. Très grand rêveur, compense par la poésie, l'extase face à l'esthétique. Très déçu par la réalité de la vie, il est prêt à croire qu'on le laisse tomber au moindre conflit avec les siens. Sa réaction suivante sera l'endurcissement (l'antimoine est un métal durcisseur) : c'est le rêveur déçu, écœuré et rejetant ; enfants irritables, opposants, têtus, répulsifs (refus du sein), fâchés et boudeurs, avec des callosités, des verrues, de l'eczéma, des ongles épais (isolement de l'extérieur). Ecœuré, il digère tout mal, d'autant plus qu'il se goinfre (remède du cochon).
BRYONIA : l'amour, c'est la sécurité
Dominée par la peur de perdre ses réserves et d'être brisé par le mouvement extérieur, cette plante convient à des individus obsédés par la sécurité. Enfants qui s'accrochent, qui ont peur des changements et des séparations, et de manquer de nourriture, de sécurité physique et affective. Attachés à leur maison, à leur famille -ce qui peut les rendre très affectueux-, peur du futur, du mouvement (remède d'entorses !), des dangers physiques (> par la pression, qui rassure et contient le mouvement). Immobilisme, en egolyse. Très matérialiste en egotrophie, prévoyant à l'extrême et très avare, constipé.
CARBO VEGETABILIS : en deçà de l'amour : d'abord naître à soi-même
D'abord, c'est un produit brûlé, ce qui évoque une difficulté à accepter un changement d'état, une évolution de l'individu après avoir accepté "une petite mort", comme en représentent dans la vie beaucoup de situations de séparations, à commencer par la naissance. Ensuite, le bois de hêtre n'a pas été consumé jusqu'à perdre sa forme : ce remède correspondra aux individus qui sont restés à mi-chemin de leur évolution, de leur transformation, de leur "naissance" ! Ils ne peuvent aimer car, pour aimer, il faut exister, se sentir bien dans soi-même. Ils ne peuvent que chercher un refuge dans l'amour de l'autre (egolyse), avec une énorme angoisse de le perdre, à moins qu'ils ne fassent semblant d'aimer (egotrophie) et de réussir dans la vie.
CARCINOSINUM : indifférencié et incarcéré dans l'amour familial
L'amour de Carcinosinum est très fort, c'est une dévotion totale, jusqu'au sacrifice de soi, comme un saint. Le seul problème, c'est qu'il n'est pas libre, il n'a pas choisi d'aimer dans la liberté, mais par obligation. Il s'est laissé enfermer dans une obligation d'expier pour les autres, dans une loi familiale tyrannique. Par devoir, il se sent responsable de ramener l'ordre dans sa famille percluse de souffrances et de terribles drames secrets. Il est incarcéré là-dedans, comme un esclave qui ne se plaint jamais, très docile, consciencieux et stoïque. Aussi, son amour et sa compassion sont encore plus marqués pour les animaux, surtout ceux qui sont enfermés ou maltraités. Enfants précoces et graves, qui font des maladies graves : mieux vaut retourner l'agressivité contre soi que de transgresser les lois familiales. Enfants couvés, tristes et étouffés par une éducation rigide. Ou bien, c'est la révolte ouverte, maximum : enfants agités, destructeurs, têtus, désobéissants, intolérant à la contradiction et à toute contrariété, jaloux, etc. Restant indifférencié de sa famille, ses cellules ont tendance à se dédifférencier (cancer).
FLUORIC ACID : l'amour ou la liberté ?
Cet halogène léger et hyperéactif a le don de pouvoir se lier très facilement à presque tous les éléments et même à des molécules organiques. Il convient à des individus désirants aimer sans obligations envers l'autre. C'est une façon de ne pas supporter les liens affectifs profonds, vécus comme une limitation de sa liberté. La réaction egotrophique sera de nier cette incapacité à se lier, et donnera le tableau connu du Don Juan ou des enfants excités, précoces, brillants, séducteurs, des ados superficiels, champions du flirt, amis aussi impitoyables, allergiques à la fidélité et aux responsabilités affectives, et prompts à se détacher des relations amoureuses et même de leur famille. Une variante peut être, en égotrophie masquée, de montrer une grande capacité à se lier et à aimer fidèlement par un comportement surprotecteur envers les siens ou un grand attachement très solide. En egolyse, le tableau sera inversé : il vivra douloureusement une sensation d'abandon à la moindre séparation, ne supportera pas d'être "lâché", ce sera un enfant très "accroché", gentil et docile.
HYOSCIAMUS : l'amour possessif
Pour lui, aimer, c'est capter, jouer avec, posséder. Il est ainsi avec les autres, les mots (loquacité intarissable, jeux de mots) et les choses (besoin de manipuler les objets, l'enfant touche tout). Désire d'être aimé de façon exclusive ou préférentielle. Grand sentiment de jalousie et d'abandon à la moindre occasion. Alors qu'il manipule et possède l'autre, il ne supporte pas de se sentir manipulé ou possédé, pour lui, c'est être traité comme un objet ou être ridiculisé. C'est Othello. Il a même une tendance paranoïaque à se croire trompé, trahi et ridiculisé lors des traumatismes affectifs de la vie ; le plus terrible pour lui étant les punitions, la maltraitance ou le handicap (enfants handicapés neurologiques). Il réagit soit par les lamentations, la passivité, les pathologies adynamiques (fièvres malignes adynamiques), soit par la mégalomanie, la méfiance (du renard impossible à tromper), l'ingénuité, la cupidité égocentrique, soit enfin par la manie et l'extravagance, le ridicule (vêtements "kitsch", comportement clown, puéril, obscène, grimacier, moqueur, hypomane, exhibitionniste), avec des spasmes (toux nerveuse, tics, danse de St Guy).
IGNATIA : l'amoureux de l'amour
Caractère passif et nostalgique, qui tombe facilement amoureux. Rêveur qui recherche plus un certain état d'âme amoureux qu'une vraie relation, avec ses risques et incertitudes (coup de foudre, vie d'amour et d'eau fraîche). Croit aimer profondément et ne supporte pas les critiques. Ne peut aimer que selon son idée, d'amour contemplatif, jusqu'à l'oubli et au don de soi, au sacrifice, mais qui n'est pas en accord avec les attentes de l'autre. Amour tourné vers soi, adhésif et égoïste, sans respect de l'autre (il projette son rêve sur l'autre). Intolérance à la rupture qui le surprend ; après l'échec sentimental : auto-reproches, complexe d'infériorité, culpabilité, chagrin silencieux et solitaire, refuse l'aide (sauf l'aide magique) et de repenser à ses problèmes (<) ; ne sait plus que décider, refuse de choisir, de s'engager ; grand sentiment d'injustice, haine rentrée (difficilement agressif), tension nerveuse, réactions hystériques et somatisations contradictoires et paradoxales (parasympaticotonie, spasmes des muscles lisses, tétanie, convulsions).
LACHESIS : l’amour de soi
Pour Kent, ce remède "peut convenir à l'espèce humaine tout entière", car "ce venin ne fait que dévoiler celui qui est dans l'homme". De quel venin s'agit-il ? Plus loin, il nous dit encore : "rien ne s'y montre avec plus d'évidence que l'amour propre, la haute opinion de soi, l'envie, la haine, etc… Ces tendances dérivent d'un amour de soi inadmissible". C'est donc clair : Lachesis n'aime pas l'autre, contre toute apparence de générosité et dévouement, mais soi-même ! Pour se croire aimé, il a besoin d'être utile et indispensable et surtout d'être admiré : s'il n'est pas admiré, il se sent mal aimé et abandonné. Comme cela n'est pas possible longtemps, il aura vite la conviction qu'il n'est pas assez admiré parce qu'il est mauvais et maudit (comme le serpent), et se sentira toujours trahi et abandonné. Corollairement, il ne supportera pas que l'on en admire un autre sans souffrir d'envie et de jalousie, et ne pourra à son tour admirer l'autre. Toute l'énergie sera alors libérée pour se faire valoir, régenter les autres, les obliger à le favoriser ou pour la haine.
MAGNESIA CARBONICA : à la recherche du bonheur parfait
Selon l'analyse par groupe chimique de Scholten, magnesia + carbonica, ce serait, littéralement : peur de perdre le père, ou peur de perdre la sagesse. C'est bien le problème de ce remède qui, selon Masi aurait envié le bonheur parfait, facile. Ne pouvant l'obtenir, en egolyse, il devient aigre, comme condamné aux travaux forcés à perpétuité ; c'est l'enfant répulsif, insatisfait, avide, jaloux, qui a besoin d'un cocon familial et qui est très sensible à toutes les querelles. En egotrophie, c'est le portrait du paresseux, toujours très heureux des plus petites choses ; c'est l'enfant à la recherche du plaisir en touchant tout, en désirant tout posséder. En alterlyse, c'est le sujet acide, amer, qui se croit empêché d'atteindre le bonheur à cause des autres ; c'est l'enfant irritable, agité, coléreux et querelleur, aux secrétions d'odeur aigre.
MAGNESIA MURIATICA : la peur de perdre l'amour
Le chlorure de magnésium est essentiellement un déshydratant et, en thérapeutique, un purgatif. Le sujet Magnesia mur a des sensations de déchirement, de désagrégation, de perte d'amis, de désunions. Il est constipé et vit mal la défécation; il préfèrerait ne rien perdre, ne rien restituer. Comment donner alors en amour ? En egolyse, il a l'impression qu'il n'arrive à rien de par lui-même, l'enfant a peur de perdre l'affection de ses parents, il craint beaucoup les disputes et les conflits (qui séparent), les rapports de force (grand remède d’enfants de divorcés). C'est un pacifiste passif et introverti. En egotrophie, c'est un pacifiste actif -un facteur d'union-, qui veut constamment se dépasser, et a tendance à se sentir au-dessus des autres.
NATRUM MURIATICUM : ne peut recevoir ni donner
Scholten commence clairement son analyse : "il n'y a pas de mère", c'est-à-dire d'affection, d'amour. Le sel, symbole des échanges, ne peut accepter les échanges d'amour ; le sel, conservateur, ne peut accepter les échanges affectifs indispensables qui lui permettraient de s'épanouir, d'être protégé, "conservé" et d'être à son tour source de vie et d'amour (comme le "sel de la terre"). Ne pas accepter les échanges, cela veut dire ne pas accepter le don, qui est vécu comme une perte quand il s'agit de donner, ou comme une "stérilisation" quand il s'agit de recevoir, ce qui est vécu comme une humiliation, une dépendance négative, une limitation, un assujettissement déprimant. Ainsi, c'est la "mère juive" qui veut protéger sans se donner ("Tu ne manges pas ? Tu veux me tuer !") ; c'est la personne qui mésinterprète la sympathie de la consolation comme de la pitié dévalorisante ; ce peut être aussi quelqu'un qui a besoin de dépendre d'un être plus fort qu'il idéalisera (un père, par exemple), et qui ne se consolera pas de sa perte. Dans tous ces tableaux, il n'y a pas de place pour choyer, materner, être mère qui se donne en s'oubliant, on n'est pas dans l'amour vécu dans l'échange véritable, il n'y a qu'apparence d'amour, illusion d'amour, et amour impossible, invivable, déçu.
PHOSPHORIC ACID : le refus du mystère dans l'amour
Comme Phosphorus, il a un désir insensé d'avoir la lumière, d’être lui-même la lumière, mais il a toujours peur que la réalité ne cache quelque chose d'incompréhensible, de mystérieux. Il a du mal à accepter la part de mystère dans l'amour, aussi, sera-t-il encore plus perdu s'il est déçu, s'il perd l'être aimé, et surtout si on lui a caché quelque chose ou si une rupture est inexplicable. Sa réaction sera alors la nostalgie, l'abandon dans l'épuisement, l'indifférence apparente, les pertes physiques (amaigrissement, diarrhée, chute des cheveux, hémorragies).
PHOSPHORUS : a besoin de l'autre pour être la flamme
Désir d'être la lumière, la flamme de l'amour pour les autres, qui illumine et chauffe. A besoin de l'autre pour briller et être aimé. Passionné, il brûle trop et a peur de se consumer, de s'éteindre. Peur de ne plus être aimé, peur de l'obscurité si la flamme s'éteint. N'est rien sans l'amour, sans l'autre, n'existe que par lui. Besoin de fraternité. Aime tout le monde, même les animaux et la beauté de la création. Si l'amour manque, il peut verser dans le repli mélancolique ou bien l'indifférence et même la méchanceté.
PULSATILLA : ne conçoit l'amour que dans la fusion, l'union
Obsédé par l'amour fusionnel. Besoin avide d'amour maternel, jamais comblé. Veut l'union totale, dans un lien obligatoire avec l'autre. Aime par besoin, agit comme un macrophage. Ne peut se donner, c'est appartenir à l'autre. Faux amour égoïste, faux don de soi, fausse compassion. Sensation d'abandon, de perte d'union et de protection affective. Sensation qu'il n'a aucun lien avec personne, peur de l'autre sexe, pudeur excessive, dépression anaclitique, pleurs pour des riens, indécision, isolement, dépendance affective extrême. Ou bien, s'il nie son impossibilité d'union idéale : égoïsme, avarice, envie, jalousie, attachement excessif avec fausse soumission et complaisance, séduction et manipulation affective.
SEPIA : ne peut aimer sans connaître
Besoin de connaître pour aimer quelqu'un ou quelque chose, croit aimer s'il connaît totalement, ce qui tue tout sentiment authentique, tout amour gratuit. Ne peut accepter de se laisser attirer par l'amour avec une part d’inconnu de l'autre, alors que ceci est essentiel dans l'amour vrai. Dans la relation d'amour, désire son indépendance. Aversion et incapacité à sentir, ressentir, se laisser aller aux sentiments. Il en résulte une sensation profonde qu'il n'est pas aimé et d'abandon, si intolérable qu'une attitude d'indifférence et de dissimulation (affectation) est alors adoptée. A ce faux visage correspond intérieurement une contradiction entre ses désirs et ses actions, une impression fréquente de se tromper, de ne pas être maître de lui, d'être coupable. Le tout est compensé par une suractivité avec grande efficacité. L'enfant ne pourra pas s'épanouir dans un développement harmonieux mental (enfants réservés, secrets, dociles, maniaques) et physique (retard de croissance, peau terreuse avec naevi, verrues, hypertrichose, mycoses et eczéma), fragilité articulaire, caries, sensibilité aux refroidissements, vomissements, énurésie, verminoses, etc.
SPONGIA : l'attachement est entrave à la liberté
Animal marin : convient aux gens qui auront des problèmes avec leur environnement ("tout le monde est dans le même bain"). Animal curieux car à la limite du végétal, vu que sa destinée est de s'attacher au sol pour se nourrir et vivre. Tentation de se passer de cet attachement, d'avoir la liberté de son avenir, de se déraciner, de prendre son autonomie, c'est-à-dire de refuser le minimum "d'attachement" aux autres que la vie impose : refus des contraintes, de la loi, des engagements, de son destin. Correspond bien à des enfants sujets aux laryngites, aux maladies de la thyroïde et aux palpitations. Soit ils se déclarent incapables de prendre leur autonomie chaque fois qu'il le faudrait (< par les séparations, enfants "accrochés" qui refusent de se prendre en charge et "végètent"), soit ils veulent leur liberté avant d'en être capables (ce sont alors des enfants rebelles et entêtés, qui ont toujours raison, refusent les règles et soumettent même les autres).
STRAMONIUM : le "shooté" de l'amour absolu
Stramonium est un fou de l'union amoureuse parfaite, dans un éclair de lumière, c'est un "shooté" du "must", des raves, des plus belles choses, de la science infuse - la fleur fleurit la nuit. Comme la vie ne lui permet pas toujours cela, dès qu'il n'est plus dans l'amour idéal, la compréhension immédiate, l'hallucination lumineuse, il est perdu, il ne reconnaît plus le monde (sensation d'être dans un désert sauvage), comme condamné à l'obscurité infernale, à la condition animale ; il est divisé en deux parties, l'une vivante, l'autre morte, et est obsédé par le morcellement (refuse de manger les petits morceaux, aime les puzzles, l'enfant redoute la désintégration familiale). Face à la partie sombre (peur du noir et des tunnels), il vit une des plus terribles angoisses d'abandon, se sentant traqué, il fuit l'horreur de l'enfer, et soit il entre dans une violente rage furieuse, soit il reconstruit son monde avec ses propres lois dans un délire ou il peut s'élever dans les sphères mystiques ou tomber dans la pire délinquance. Enfants affectueux qui voudraient que tout le monde les aime, mais aussi enfants terribles, se sentant facilement abandonnés, avec des terreurs nocturnes, du bégaiement, des convulsions, des pathologies violentes.
QUELQUES ERREURS DES REMEDES DANS L'AMOUR
Confondre amour et romantisme
Antimonium crudum : rêve d'amour extatique inaccessible
Ignatia : aime l'état amoureux qu'il confond avec l'amour, car ne nécessite pas de décision, d'engagement.
Confondre amour et besoin
Phosphorus : veut être la lumière qu'on aime
Carbo veg : ne peut renaître par l'amour
Stramonium : shooté de l'amour fou
Bryonia : aime par besoin de sécurité.
Confondre amour et perte de liberté
Fluoric acid : le lien est vécu comme perte de liberté
Spongia : refuse la contrainte de l'attachement
Sepia : refuse l'attirance de l'amour, vécue comme perte de l'indépendance
Carcinosinum : à l'inverse, se laisse incarcérer dans l'obligation et le sacrifice.
Confondre amour et possession
Hyosciamus : n'aime qu'en "possédant" (aux sens propre et figuré) l'autre
Pulsatilla : ne conçoit l'amour que dans la fusion.
Confondre amour et perte de soi
Natrum muriaticum : vit en négatif les échanges d'amour (donner, recevoir)
Magnesia muriatica : a trop peur de perdre ce qu'il a pour aimer.
Confondre amour et difficulté
Magnesia carbonica : peur de ne pas arriver au bonheur facile
Phosphoric acid : ne supporte pas la part de mystère dans l'amour.
Confondre amour et admiration
Lachesis : n'aime que soi, besoin d'être admiré par l'autre, inférieur.
Photos: Wikimedia Commons
Klimt: The kiss; The Yorck project
Cœur symbolique / Amour "Je m'aime"; PRA
Love, she wrote...; Jaxfl
Mille façons de souffrir l'Amour; à travers la psore de quelques remèdes en pédiatrieDe Jacques Lamothe Pour illustrer l'intérêt du sujet que nous comptons aborder, on pourrait dire que s'il existe une chose qui fait souffrir le plus l'homme sur la terre, c'est bien l'amour. En allant plus loin, on pourrait dire que beaucoup de maladies, et peut-être toutes sont des maladies d'amour, ou d'origine affective, comme disent les psychologues, d’amour de l’autre comme d’amour de soi. Autant l'amour est une des choses qui ennoblit le plus l'homme, autant, c'est une de celles qui peuvent le rendre le plus malade. Dans beaucoup de remèdes, on peut trouver une souffrance en rapport avec l'amour, l'affectivité. La preuve en est que dans la symptomatologie, dans les répertoires, existent beaucoup de symptômes "suites d'amour déçu" et d'étiologies semblables. Nous n'allons pas parler de cela. Nous n'allons pas nous intéresser au niveau symptomatique. Nous allons seulement montrer la souffrance affective de quelques remèdes que nous connaissons - afin de les découvrir sous un autre jour - au niveau du noyau de leur souffrance profonde, c'est-à-dire de la psore au sens hahnemannien le plus pur, et au niveau de leur difficulté d'aimer. Un mot d'explications. La psore, telle que la décrit Masi, c'est la maladie de base de l'homme, de l'humanité, la "santé parfaite" (physique et mentale) n'existant jamais (j'espère que vous en êtes persuadés!). La vie "normale", n'est pas un équilibre, mais un déséquilibre permanent et changeant, une recherche constante de l'équilibre, du bonheur. C'est dire que chaque homme aura toujours une souffrance (sauf peut-être à quelques brefs moments d'extase !), comme de bonheur – à part que la première sera plus habituelle que la seconde, car la vie est difficile, comme l’ont démontré tant de grands penseurs. La psore individuelle, c'est le mal de vivre de chacun : chaque patient l'exprime à sa façon, avec ses symptômes physiques et mentaux. Derrière ces symptômes, qu'y a-t-il ? Il y a une problématique, un manque inacceptable de la part de chaque homme concernant un domaine précis, une imperfection correspondant à une perfection (divine pourrait-on dire) désirée; il ne supporte pas de ne pas pouvoir, avoir ou être … telle ou telle chose. C'est cette problématique (en rapport avec sa constitution physique et mentale), d'un niveau quasi-métaphysique qu'il faut préciser pour chaque remède, la Maladie étant probablement due à une maladie de l'âme, qui est particulière pour chacun et aussi pour chaque remède. Ainsi, on exprimera cette problématique par quelques mots-clés et quelques phrases essentielles, tout en sachant que ce choix de mots et de phrases puisse être constamment révisé, modifié, précisé à la suite d'une pratique qui a pour but de vérifier ces hypothèses. Ce qu'il ne faut pas confondre, c'est le niveau miasmatique, c'est à dire de la problématique psorique et le niveau symptomatique, le premier expliquant le second, et n'apparaissant pas au prime abord avec facilité, mais étant déduit, par hypothèse, des symptômes. La plupart des grands auteurs se sont essayés dans cette approche, en particulier Kent, Gatak puis, de nos jours Sankaran, Scholten, Shore et surtout Masi. Le grand intérêt est de saisir en un éclair la souffrance profonde du patient et donc de lui appliquer un traitement profond et global de ses troubles; également, un autre avantage est de déduire à partir de la souffrance psorique primaire des tableaux miasmatiques inconnus dans la pathogénésie actuelle qui est toujours incomplète, à savoir : un tableau d'égolyse (correspondant grosso modo à l'ancienne psore) où le sujet accepte exagérément et avec désespoir son incapacité, son manque; un tableau d'égotrophie (ancienne sycose) où le sujet réagit en niant ses impossibilités et son manque, et en affirmant son désir et sa capacité de puissance; enfin, un tableau d'alterlyse, où le sujet projette son manque sur les autres, les en rend responsables et les agresse en les faisant souffrir de leur incapacité. Nous avons "travaillé" les mots afin que la problématique psorique soit à peu près intelligible à tous, notre désir étant de faire découvrir des aspects nouveaux de remèdes connus. Au passage, on aura l'occasion de lever un peu le voile des motivations secrètes et inattendues de l'amour de certains patients. La liste des remèdes étudiés (17) est tout à fait arbitraire et non limitative. ANTIMONIUM CRUDUM : le goinfre d'amour romantique et inaccessible Incapable de désirer un amour réel, ça ne va même pas l'intéresser ; refus d'être touché, appelé, attiré, regardé, convoqué, d'être l'objet d'attention, alors qu'il convoite l'amour car sans lui sa vie n'a pas de sens. Il est uniquement attiré par l'amour irréaliste inaccessible, romantique, imaginaire, idéal et extatique (rêve de femme idéale). Avide de cela, comme goinfre de nourriture. Très grand rêveur, compense par la poésie, l'extase face à l'esthétique. Très déçu par la réalité de la vie, il est prêt à croire qu'on le laisse tomber au moindre conflit avec les siens. Sa réaction suivante sera l'endurcissement (l'antimoine est un métal durcisseur) : c'est le rêveur déçu, écœuré et rejetant ; enfants irritables, opposants, têtus, répulsifs (refus du sein), fâchés et boudeurs, avec des callosités, des verrues, de l'eczéma, des ongles épais (isolement de l'extérieur). Ecœuré, il digère tout mal, d'autant plus qu'il se goinfre (remède du cochon). BRYONIA : l'amour, c'est la sécurité Dominée par la peur de perdre ses réserves et d'être brisé par le mouvement extérieur, cette plante convient à des individus obsédés par la sécurité. Enfants qui s'accrochent, qui ont peur des changements et des séparations, et de manquer de nourriture, de sécurité physique et affective. Attachés à leur maison, à leur famille -ce qui peut les rendre très affectueux-, peur du futur, du mouvement (remède d'entorses !), des dangers physiques (> par la pression, qui rassure et contient le mouvement). Immobilisme, en egolyse. Très matérialiste en egotrophie, prévoyant à l'extrême et très avare, constipé. CARBO VEGETABILIS : en deçà de l'amour : d'abord naître à soi-même D'abord, c'est un produit brûlé, ce qui évoque une difficulté à accepter un changement d'état, une évolution de l'individu après avoir accepté "une petite mort", comme en représentent dans la vie beaucoup de situations de séparations, à commencer par la naissance. Ensuite, le bois de hêtre n'a pas été consumé jusqu'à perdre sa forme : ce remède correspondra aux individus qui sont restés à mi-chemin de leur évolution, de leur transformation, de leur "naissance" ! Ils ne peuvent aimer car, pour aimer, il faut exister, se sentir bien dans soi-même. Ils ne peuvent que chercher un refuge dans l'amour de l'autre (egolyse), avec une énorme angoisse de le perdre, à moins qu'ils ne fassent semblant d'aimer (egotrophie) et de réussir dans la vie. CARCINOSINUM : indifférencié et incarcéré dans l'amour familial L'amour de Carcinosinum est très fort, c'est une dévotion totale, jusqu'au sacrifice de soi, comme un saint. Le seul problème, c'est qu'il n'est pas libre, il n'a pas choisi d'aimer dans la liberté, mais par obligation. Il s'est laissé enfermer dans une obligation d'expier pour les autres, dans une loi familiale tyrannique. Par devoir, il se sent responsable de ramener l'ordre dans sa famille percluse de souffrances et de terribles drames secrets. Il est incarcéré là-dedans, comme un esclave qui ne se plaint jamais, très docile, consciencieux et stoïque. Aussi, son amour et sa compassion sont encore plus marqués pour les animaux, surtout ceux qui sont enfermés ou maltraités. Enfants précoces et graves, qui font des maladies graves : mieux vaut retourner l'agressivité contre soi que de transgresser les lois familiales. Enfants couvés, tristes et étouffés par une éducation rigide. Ou bien, c'est la révolte ouverte, maximum : enfants agités, destructeurs, têtus, désobéissants, intolérant à la contradiction et à toute contrariété, jaloux, etc. Restant indifférencié de sa famille, ses cellules ont tendance à se dédifférencier (cancer). FLUORIC ACID : l'amour ou la liberté ? Cet halogène léger et hyperéactif a le don de pouvoir se lier très facilement à presque tous les éléments et même à des molécules organiques. Il convient à des individus désirants aimer sans obligations envers l'autre. C'est une façon de ne pas supporter les liens affectifs profonds, vécus comme une limitation de sa liberté. La réaction egotrophique sera de nier cette incapacité à se lier, et donnera le tableau connu du Don Juan ou des enfants excités, précoces, brillants, séducteurs, des ados superficiels, champions du flirt, amis aussi impitoyables, allergiques à la fidélité et aux responsabilités affectives, et prompts à se détacher des relations amoureuses et même de leur famille. Une variante peut être, en égotrophie masquée, de montrer une grande capacité à se lier et à aimer fidèlement par un comportement surprotecteur envers les siens ou un grand attachement très solide. En egolyse, le tableau sera inversé : il vivra douloureusement une sensation d'abandon à la moindre séparation, ne supportera pas d'être "lâché", ce sera un enfant très "accroché", gentil et docile. HYOSCIAMUS : l'amour possessif Pour lui, aimer, c'est capter, jouer avec, posséder. Il est ainsi avec les autres, les mots (loquacité intarissable, jeux de mots) et les choses (besoin de manipuler les objets, l'enfant touche tout). Désire d'être aimé de façon exclusive ou préférentielle. Grand sentiment de jalousie et d'abandon à la moindre occasion. Alors qu'il manipule et possède l'autre, il ne supporte pas de se sentir manipulé ou possédé, pour lui, c'est être traité comme un objet ou être ridiculisé. C'est Othello. Il a même une tendance paranoïaque à se croire trompé, trahi et ridiculisé lors des traumatismes affectifs de la vie ; le plus terrible pour lui étant les punitions, la maltraitance ou le handicap (enfants handicapés neurologiques). Il réagit soit par les lamentations, la passivité, les pathologies adynamiques (fièvres malignes adynamiques), soit par la mégalomanie, la méfiance (du renard impossible à tromper), l'ingénuité, la cupidité égocentrique, soit enfin par la manie et l'extravagance, le ridicule (vêtements "kitsch", comportement clown, puéril, obscène, grimacier, moqueur, hypomane, exhibitionniste), avec des spasmes (toux nerveuse, tics, danse de St Guy). IGNATIA : l'amoureux de l'amour Caractère passif et nostalgique, qui tombe facilement amoureux. Rêveur qui recherche plus un certain état d'âme amoureux qu'une vraie relation, avec ses risques et incertitudes (coup de foudre, vie d'amour et d'eau fraîche). Croit aimer profondément et ne supporte pas les critiques. Ne peut aimer que selon son idée, d'amour contemplatif, jusqu'à l'oubli et au don de soi, au sacrifice, mais qui n'est pas en accord avec les attentes de l'autre. Amour tourné vers soi, adhésif et égoïste, sans respect de l'autre (il projette son rêve sur l'autre). Intolérance à la rupture qui le surprend ; après l'échec sentimental : auto-reproches, complexe d'infériorité, culpabilité, chagrin silencieux et solitaire, refuse l'aide (sauf l'aide magique) et de repenser à ses problèmes (<) ; ne sait plus que décider, refuse de choisir, de s'engager ; grand sentiment d'injustice, haine rentrée (difficilement agressif), tension nerveuse, réactions hystériques et somatisations contradictoires et paradoxales (parasympaticotonie, spasmes des muscles lisses, tétanie, convulsions). LACHESIS : l’amour de soi Pour Kent, ce remède "peut convenir à l'espèce humaine tout entière", car "ce venin ne fait que dévoiler celui qui est dans l'homme". De quel venin s'agit-il ? Plus loin, il nous dit encore : "rien ne s'y montre avec plus d'évidence que l'amour propre, la haute opinion de soi, l'envie, la haine, etc… Ces tendances dérivent d'un amour de soi inadmissible". C'est donc clair : Lachesis n'aime pas l'autre, contre toute apparence de générosité et dévouement, mais soi-même ! Pour se croire aimé, il a besoin d'être utile et indispensable et surtout d'être admiré : s'il n'est pas admiré, il se sent mal aimé et abandonné. Comme cela n'est pas possible longtemps, il aura vite la conviction qu'il n'est pas assez admiré parce qu'il est mauvais et maudit (comme le serpent), et se sentira toujours trahi et abandonné. Corollairement, il ne supportera pas que l'on en admire un autre sans souffrir d'envie et de jalousie, et ne pourra à son tour admirer l'autre. Toute l'énergie sera alors libérée pour se faire valoir, régenter les autres, les obliger à le favoriser ou pour la haine. MAGNESIA CARBONICA : à la recherche du bonheur parfait Selon l'analyse par groupe chimique de Scholten, magnesia + carbonica, ce serait, littéralement : peur de perdre le père, ou peur de perdre la sagesse. C'est bien le problème de ce remède qui, selon Masi aurait envié le bonheur parfait, facile. Ne pouvant l'obtenir, en egolyse, il devient aigre, comme condamné aux travaux forcés à perpétuité ; c'est l'enfant répulsif, insatisfait, avide, jaloux, qui a besoin d'un cocon familial et qui est très sensible à toutes les querelles. En egotrophie, c'est le portrait du paresseux, toujours très heureux des plus petites choses ; c'est l'enfant à la recherche du plaisir en touchant tout, en désirant tout posséder. En alterlyse, c'est le sujet acide, amer, qui se croit empêché d'atteindre le bonheur à cause des autres ; c'est l'enfant irritable, agité, coléreux et querelleur, aux secrétions d'odeur aigre. MAGNESIA MURIATICA : la peur de perdre l'amour Le chlorure de magnésium est essentiellement un déshydratant et, en thérapeutique, un purgatif. Le sujet Magnesia mur a des sensations de déchirement, de désagrégation, de perte d'amis, de désunions. Il est constipé et vit mal la défécation; il préfèrerait ne rien perdre, ne rien restituer. Comment donner alors en amour ? En egolyse, il a l'impression qu'il n'arrive à rien de par lui-même, l'enfant a peur de perdre l'affection de ses parents, il craint beaucoup les disputes et les conflits (qui séparent), les rapports de force (grand remède d’enfants de divorcés). C'est un pacifiste passif et introverti. En egotrophie, c'est un pacifiste actif -un facteur d'union-, qui veut constamment se dépasser, et a tendance à se sentir au-dessus des autres. NATRUM MURIATICUM : ne peut recevoir ni donner Scholten commence clairement son analyse : "il n'y a pas de mère", c'est-à-dire d'affection, d'amour. Le sel, symbole des échanges, ne peut accepter les échanges d'amour ; le sel, conservateur, ne peut accepter les échanges affectifs indispensables qui lui permettraient de s'épanouir, d'être protégé, "conservé" et d'être à son tour source de vie et d'amour (comme le "sel de la terre"). Ne pas accepter les échanges, cela veut dire ne pas accepter le don, qui est vécu comme une perte quand il s'agit de donner, ou comme une "stérilisation" quand il s'agit de recevoir, ce qui est vécu comme une humiliation, une dépendance négative, une limitation, un assujettissement déprimant. Ainsi, c'est la "mère juive" qui veut protéger sans se donner ("Tu ne manges pas ? Tu veux me tuer !") ; c'est la personne qui mésinterprète la sympathie de la consolation comme de la pitié dévalorisante ; ce peut être aussi quelqu'un qui a besoin de dépendre d'un être plus fort qu'il idéalisera (un père, par exemple), et qui ne se consolera pas de sa perte. Dans tous ces tableaux, il n'y a pas de place pour choyer, materner, être mère qui se donne en s'oubliant, on n'est pas dans l'amour vécu dans l'échange véritable, il n'y a qu'apparence d'amour, illusion d'amour, et amour impossible, invivable, déçu. PHOSPHORIC ACID : le refus du mystère dans l'amour Comme Phosphorus, il a un désir insensé d'avoir la lumière, d’être lui-même la lumière, mais il a toujours peur que la réalité ne cache quelque chose d'incompréhensible, de mystérieux. Il a du mal à accepter la part de mystère dans l'amour, aussi, sera-t-il encore plus perdu s'il est déçu, s'il perd l'être aimé, et surtout si on lui a caché quelque chose ou si une rupture est inexplicable. Sa réaction sera alors la nostalgie, l'abandon dans l'épuisement, l'indifférence apparente, les pertes physiques (amaigrissement, diarrhée, chute des cheveux, hémorragies). PHOSPHORUS : a besoin de l'autre pour être la flamme Désir d'être la lumière, la flamme de l'amour pour les autres, qui illumine et chauffe. A besoin de l'autre pour briller et être aimé. Passionné, il brûle trop et a peur de se consumer, de s'éteindre. Peur de ne plus être aimé, peur de l'obscurité si la flamme s'éteint. N'est rien sans l'amour, sans l'autre, n'existe que par lui. Besoin de fraternité. Aime tout le monde, même les animaux et la beauté de la création. Si l'amour manque, il peut verser dans le repli mélancolique ou bien l'indifférence et même la méchanceté. PULSATILLA : ne conçoit l'amour que dans la fusion, l'union Obsédé par l'amour fusionnel. Besoin avide d'amour maternel, jamais comblé. Veut l'union totale, dans un lien obligatoire avec l'autre. Aime par besoin, agit comme un macrophage. Ne peut se donner, c'est appartenir à l'autre. Faux amour égoïste, faux don de soi, fausse compassion. Sensation d'abandon, de perte d'union et de protection affective. Sensation qu'il n'a aucun lien avec personne, peur de l'autre sexe, pudeur excessive, dépression anaclitique, pleurs pour des riens, indécision, isolement, dépendance affective extrême. Ou bien, s'il nie son impossibilité d'union idéale : égoïsme, avarice, envie, jalousie, attachement excessif avec fausse soumission et complaisance, séduction et manipulation affective. SEPIA : ne peut aimer sans connaître Besoin de connaître pour aimer quelqu'un ou quelque chose, croit aimer s'il connaît totalement, ce qui tue tout sentiment authentique, tout amour gratuit. Ne peut accepter de se laisser attirer par l'amour avec une part d’inconnu de l'autre, alors que ceci est essentiel dans l'amour vrai. Dans la relation d'amour, désire son indépendance. Aversion et incapacité à sentir, ressentir, se laisser aller aux sentiments. Il en résulte une sensation profonde qu'il n'est pas aimé et d'abandon, si intolérable qu'une attitude d'indifférence et de dissimulation (affectation) est alors adoptée. A ce faux visage correspond intérieurement une contradiction entre ses désirs et ses actions, une impression fréquente de se tromper, de ne pas être maître de lui, d'être coupable. Le tout est compensé par une suractivité avec grande efficacité. L'enfant ne pourra pas s'épanouir dans un développement harmonieux mental (enfants réservés, secrets, dociles, maniaques) et physique (retard de croissance, peau terreuse avec naevi, verrues, hypertrichose, mycoses et eczéma), fragilité articulaire, caries, sensibilité aux refroidissements, vomissements, énurésie, verminoses, etc. SPONGIA : l'attachement est entrave à la liberté Animal marin : convient aux gens qui auront des problèmes avec leur environnement ("tout le monde est dans le même bain"). Animal curieux car à la limite du végétal, vu que sa destinée est de s'attacher au sol pour se nourrir et vivre. Tentation de se passer de cet attachement, d'avoir la liberté de son avenir, de se déraciner, de prendre son autonomie, c'est-à-dire de refuser le minimum "d'attachement" aux autres que la vie impose : refus des contraintes, de la loi, des engagements, de son destin. Correspond bien à des enfants sujets aux laryngites, aux maladies de la thyroïde et aux palpitations. Soit ils se déclarent incapables de prendre leur autonomie chaque fois qu'il le faudrait (< par les séparations, enfants "accrochés" qui refusent de se prendre en charge et "végètent"), soit ils veulent leur liberté avant d'en être capables (ce sont alors des enfants rebelles et entêtés, qui ont toujours raison, refusent les règles et soumettent même les autres). STRAMONIUM : le "shooté" de l'amour absolu Stramonium est un fou de l'union amoureuse parfaite, dans un éclair de lumière, c'est un "shooté" du "must", des raves, des plus belles choses, de la science infuse - la fleur fleurit la nuit. Comme la vie ne lui permet pas toujours cela, dès qu'il n'est plus dans l'amour idéal, la compréhension immédiate, l'hallucination lumineuse, il est perdu, il ne reconnaît plus le monde (sensation d'être dans un désert sauvage), comme condamné à l'obscurité infernale, à la condition animale ; il est divisé en deux parties, l'une vivante, l'autre morte, et est obsédé par le morcellement (refuse de manger les petits morceaux, aime les puzzles, l'enfant redoute la désintégration familiale). Face à la partie sombre (peur du noir et des tunnels), il vit une des plus terribles angoisses d'abandon, se sentant traqué, il fuit l'horreur de l'enfer, et soit il entre dans une violente rage furieuse, soit il reconstruit son monde avec ses propres lois dans un délire ou il peut s'élever dans les sphères mystiques ou tomber dans la pire délinquance. Enfants affectueux qui voudraient que tout le monde les aime, mais aussi enfants terribles, se sentant facilement abandonnés, avec des terreurs nocturnes, du bégaiement, des convulsions, des pathologies violentes.
QUELQUES ERREURS DES REMEDES DANS L'AMOUR Confondre amour et romantisme Antimonium crudum : rêve d'amour extatique inaccessible Confondre amour et besoin Phosphorus : veut être la lumière qu'on aime Confondre amour et perte de liberté Fluoric acid : le lien est vécu comme perte de liberté Confondre amour et possession Hyosciamus : n'aime qu'en "possédant" (aux sens propre et figuré) l'autre Confondre amour et perte de soi Natrum muriaticum : vit en négatif les échanges d'amour (donner, recevoir) Confondre amour et difficulté Magnesia carbonica : peur de ne pas arriver au bonheur facile Confondre amour et admiration Lachesis : n'aime que soi, besoin d'être admiré par l'autre, inférieur. Photos: Wikimedia Commons |
Spektrum der Homöopathie, die Hefte
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